samedi 18 octobre 2008

"Doudou Poubeille"

Clément sur la terrasse vaque à ses occupations, la principale consistant à balancer Doudou en l'air, en piétinant d'enthousiasme, et à se mettre aussitôt à geindre d'un ton larmoyant "Hiiiiiiin Doudou pa' terre, Doudou pa' terre" jusqu'à ce que je lui fasse observer qu'il est à ses pieds et qu'il peut le ramasser.
Mais brusquement, abandonnant son activité, il se tourne vers moi, pointe mon ventre d'un index accusateur et constate "Na bébé là !"

Merci.
Merci Clément, merci de me remonter le moral.
Je SAIS que mon ventre est resté tout flasque, mou et inconsistant depuis la naissance de ta soeur, je SAIS merci. Pas la peine d'en rajouter.
J'ai hésité entre aller me jeter dans la Garonne ou faire 80 séries d'abdos séance tenante. J'ai choisi les abdos. Mais ça n'a rien changé à la forme de mon ventre.

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Manon dans le TGV regarde le paysage défiler par la fenêtre, la goutte de bave perlant à sa lèvre inférieure.
Un poteau. Une vache. Une vache. Un poteau. Une vache. Une vache. Un poteau.
Passionnant.
Je vois ses yeux qui suivent attentivement le poteau, la vache, la vache, le poteau, comme les poissons rouges amnésiques dans leur bocal, toujours contents de rencontrer un paysage nouveau à chaque tour de bocal.
Un poteau. Une vache. Une vache. Un tunnel.
Oups, un tunnel. Je regarde Manon, persuadée qu'elle va brusquement être en manque de poteau et que la révolte va gronder.

Non, le petit visage de ma fille se fend d'un large sourire. Tiens ?
Voilà qu'elle se confond en mines et en grâces, penchant la tête sur le côté d'un air aguicheur.
Aimerait-elle les tunnels ?
La goutte de bave en attente tombe sur ma main.
En jetant un oeil à la vitre devenue noire, j'ai compris.
C'est à son reflet dans la vitre que Manon opérait son numéro d'intense séduction.
C'est bien une nana ça tiens...

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Hier j'ai choisi de remplacer Doudou Sale (pour ne pas dire Dégueu, rien que l'odeur me donne la nausée) par Doudou Propre. À savoir, j'ai investi dans trois Doudous identiques afin de pouvoir tourner. Quand il y en a un en cours d'utilisation, les deux autres trempent en pré-lavage dans le lavabo de la salle de bain avant l'indispensable tour en machine.
Donc, pendant le bain du soir, savant tour de passe-passe pour substituer Doudou Propre à Doudou Dégueu.
Je suis très fière, Clément n'a vu que du feu. Doudou Dégueu est déjà dans le lavabo dont l'eau vire aussitôt au gris sale.

Après le bain, Clément réclame Doudou pour un câlin.
Ni vu ni connu, je lui refile Doudou Propre (qui ne va pas le rester longtemps mais qui a l'avantage de ne pas me donner de nausées pendant au moins un quart d'heure)
Clément tripatouille Doudou afin d'en repérer l'oreille qu'il se scotche sous le nez en suçant son pouce.
Une demi-seconde.
Il retire aussitôt son pouce et l'oreille et déclare d'un ton dégoûté "Oh noooooon veux Doudou Poubeille !"
Traduction : "Oh non, je veux Doudou Poubelle !"
Doudou Poubelle, c'est le surnom affectueux dont j'ai affublé son Doudou quand sa couleur tient plus du marron que du bleu pâle d'origine, et que l'odeur devient insupportable.

Mon fils prenait un ton dégoûté pour signifier que son Doudou était trop propre et que ça manquait nettement d'odeur familière et nauséabonde.

Qu'importe, je lui ai expliqué que j'avais une immense confiance en lui pour transformer rapidement ce Doudou Propre en un Doudou Poubelle digne de ce nom. Il a acquiescé et a essuyé la morve qui lui coulait du nez avec l'oreille de Doudou Propre (qui ne l'était déjà plus)
Comme quoi on peut TOUJOURS trouver un terrain d'entente.

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